Ca fait 6 ans que j’ai quitté ce pays où je suis restée plus de 2 mois. Et, l’Inde, j’y pense tous les jours d’une manière ou d’une autre. Soit parce que je repense à un enseignement que j’ai tiré de ce voyage, soit parce que je m’inspire des ses couleurs, soit parce que je rêve d’y retourner encore et encore… bref, incredible India!
Si j’écris ici c’est que j’ai envie de faire l’éloge de ce pays, dire à quel point j’aime sa culture et son essence (surtout la sans plomb 95 là bas c’est un grand cru!), dire que c’est une planète sur la planète tellement il est riche et different de ce que nous, pauvres petits occidentaux, pouvons connaître.
Déjà quand tu débarques, tu te croirais dans le metro parisien un jour de grève tellement il y a du people partout tout le temps. Ca vit, ça grouille, ya du bruit partout (on parle de New Delhi là), ya de la bouffe partout, des couleurs partout… bon… de la pollution aussi partout! Tout ça pour dire que si vous vous imaginez un seul instant vous retrouver pépère en Inde en mode « Seul sur Terre » c’est mort cherchez pas! C’est le bordel mais pour moi ça fait partie intégrante du charme de ce pays. C’est les système D voire E: les mecs tapent le déménagement de leurs meubles sur des vélos! Propose ça à ton prochain pote qui déménage on va voir sa gueule? Ou encore, les « dentistes » improvisés sur le trottoire (avec une petite pencarte en carton où une dent est dessinée au marqueur pour te faire comprendre que c’est là où on soigne les dents dans un bidonville). Le mantra en Inde c’est « No problem », les mecs sont déter et trouveront toujours une solution à n’importe quel problème… chose à laquelle nous ne sommes pas vraiment habitués nous je trouve.
Ensuite, les indiens eux mêmes! comment dire: il y a du bon et du mauvais comme partout. Heureusement pour moi, j’ai croisé énormément de bons voire très bons voire paillettes au dessus du soleil lol! Par exemple, des gens qui n’ont rien (mais genre qui vivent entre 4 planches de taule et une bâche) et qui t’invitent chez eux, te donnent à bouffer, te préparent le tchaï, te parlent que tu comprends rien mais que tu rigoles quand même avec, te présentent toute la mifa et les voisins, te peinturent le front avec du rouge bref! l’accueil quoi! Vous faites ça vous avec des gens que vous ne connaissez pas?
J’ai adoré aussi ces mamas qui m’ont nourrie dans les trains et dans les gares juste parce que j’étais là! genre tu vois une meuf qui arrive avec un grosse assiette en plastique remplie de riz et de pilons de poulet… « c’est chelou là, elle se dirige quand même bien bien bien dans ma direction celle là… pourquoi elle me claque une assiette de poulet devant le pif? Tu veux que je vérifie la cuisson? » jusqu’à ce que je comprenne qu’elle m’offrait à manger! ça m’est arrivé dans les gares et dans les trains aussi! Je passe les gens qui te font du henné alors que tu as rien demandé, les gens qui te touchent les pieds dans la rue que tu sais pas pourquoi mais que tu comprend après que c’est une marque de respect, les gens qui m’ont accueillis chez eux, encore les gens qui m’ont trainée partout pour me faire visiter leur ville et te font partager un bout de leur vie à la maison, m’aider à chopper des billets de train et un putain de lit dans la gare de New Delhi alors que c’est la Zermi pour en avoir (surtout si tu parles pas Hindi) BREF le Coeur sur la main!
Mais, il ne faut pas se leurrer, l’Inde c’est pas le pays des bisounours non plus là! il y a aussi tous ceux qui essayent de te la mettre à l’envers et si possible bien profond (arnaques), ceux qui te plottent alors que tu marches tranquillement dans la rue (hop une petite main sur les miches ni vu ni connu! bon ça m’est arrivé 2 fois en plus de 2 mois ça va!), ceux qui refusent de te parler parce que tu es une femme, ceux qui refusent de te vendre un billet de bus parce que tu es une femme BREF les femmen elles ont encore du pain sur la planche là bas croyez moi.
Après les villes du Rajastan sont magnifiques, la vallée du gange également mais moi j’ai eu un coup de Coeur pour Varanasi la ville sainte de l’Inde. Je devais rester 3 jours j’y suis restée deux semaines! A la base je devais rejoindre la ville de Bodhgaya dans le Bihar là où Bouddha a connu l’éveil (tout ça pour voir un arbre jme dis maintenant mais bon). Mais c’était mais teeeeeeellement la loose pour y aller (sachant en plus que c’est l’un des états les plus coupe gorge de l’Inde miam miam! ) que j’ai finalement decidé de poser mon boule à Benares (Varanasi). Et là, la magie a opéré. J’ai aimé cette ville mais je vous explique pas comment: c’est son ambiance, ses defilés de cadavres couverts de tissue (ouai ca fait glauque comme ça mais c’est la ville des crémations quoi! si tu te fais brûler au bord du Gange ton âme quitte cette terre pour ne plus y revenir #libérédélivré), ce sont ses rues sales pleines de merdes de vaches (elles circulent tout à fait librement dans les rues et genre ya pas moyen que tu en klaxonnes une sinon tu te manges un aller et retour dans la gueule), ce sont ces gens qui prient, ce sont ces familles qui arrivent par centaines et qui dorment en mode camping sauvage au bord du fleuve (genre bat les cacahuètes), l’agitation foisonnante sur les berges, ces rituels, c’est le petit vendeur de tchaï dans l’angle à droite de mon hostel qui sourit tout le temps et qui te tape la discute quand tu t’arrêtes boire un tchai, c’est cette bouffe qu’il y a partout: ça grouille, c’est fast, c’est simple mais alors c’est délicieux- ce sont ces coups de mains de tous les artisans que tu peux croiser sur ton chemin: toujours rapide et précis #focus!
Et puis de rester à Varanasi ça m’a permis finalement de trouver ce que j’allais à la base chercher à Bohdgaya: des enseignements bouddhistes. En fait, non loin de Benares, il y a une ville du nom de Sarnath. C’est ici que Bouddha a donné ses premiers enseignements en tant qu’être éveillé. Il se trouve que qqn qui connaissait qqn m’a fait rencontrer une petite meuf qui m’a parlé d’un évênement qui allait avoir lieu deux jours plus tard avec enseignement du Karmapa (en gros c’est l’adjoint du Dalaï Lama lol). Yavait pas moyen que je lâche l’affaire: plus d’endroits où dormir, chaud time pour avoir un pass et rentrer dans le temple…Finalement je vais taper à la porte de mes soeurs (un couvent pour les nones bouddhistes) bah j’étais la seule occidentale du coup et elles m’ont accueillie dans leur monde! 5 jours à vivre au rythme des chants et des prières bouddhistes, 5 jours à les voir évoluer dans leur pratique, 5 jours d’enseignements (en tibétain ma 3ème langue! nan jdéconne yavait un traducteur heureusement!) BREF! Une leçon: composer avec ce qui s’offre à nous et faire confiance!
Et des enseignements tu en apprends plein tous les jours c’est un pays qui te fait réfléchir pour peu que tu sois ouvert, que tu sois apte à te remettre en question et que tu acceptes d’envisager les choses sous une autre perspective que la tienne c’est à dire: tes conditionnements de française où les femmes ont des droits, la parole, où les gens ont accès aux soins, les enfants ont accès à l’éducation, où dans la pluspart tu ne vas pas au charbon pour nourrir tes parents frères et soeurs, où tu choisis qui tu aimes et avec qui tu veux faire ta vie, où tu decides de ton avenir… Ici, c’est pas la même! Tu naits dans telle ou telle caste tu n’as déjà pas le même status, les ptits te suivent sur des kilometres pour que tu leur files un ruppie ça te fait chier, tu te sens comme un porte monnaie sur pattes? ouai mais en même temps quand il rentre chez lui c’est pas sûr qu’il y ait à bouffer pour tout le monde, tu vois des gens affaiblis, malades, handicapés dans les rues et ça te dérange? bah ouai mais ils ont pas d’autres moyens que de se démerder par eux même car ici personne (ou presque) ne fait rien pour eux (comment ça ya pas de sécu!??) et dans le fond ce qui te dérange c’est de te rendre compte que toi, alors que tu as TOUT, tu passes souvent ton temps à te plaindre parce que ton train a 20 minutes de retard – Ici on s’en fout on fait avec- ou que tu es trop ci, pas assez ça, que tu n’as pas telle ou telle chose, en somme, qu’on a pas vraiment des vrais problèmes, tous des galères et des moments durs c’est claire mais putain il y a de quoi s’inspirer de la philosophie et du courage dans ces êtres d’amour qui survivent quand ils aimeraient bien vivre comme toi.
Ce pays je l’aime pour tout ce qu’il m’a appris, pour tout ce à quoi j’ai réfléchi grâce à lui, tout ce qu’il m’a donné à voir comme couleurs, tout ce qu’il m’a fait goûter, manger, pour tout ce que j’ai compris grâce à lui: grâce à lui j’ai compris le respect et la compassion, J’ai appris à me faire confiance et à faire confiance aux autres, j’ai appris à ne pas juger parce qu’on est jamais vraiment à la place d’une personne – qu’une situation qu’on analyse avec nos yeux ne raisonnera pas de la même manière dans les yeux de quelqu’un d’autre! BREF réfléchir!
Voilà!